-Projet de Fin d'études
3ème place aux
Prix Jeunes Talents 2022-
"Architecture de la fête"
Réalisé par : Clémentine Corbihan & Agathe Lecomte
“La fête est un invariant de l’humanité. La fête peut être religieuse, économique, laïque, transgressive, mais elle existe partout. C’est une forme de continuité de l’ordre social, ce n’est pas le chaos. C’est un rituel, un dispositif organisé.”
Emmanuelle Lallemand
Coupe perspective collage "Danse endiablée"
Quelques définitions...
La fête est dans son essence même un moment éphémère, c’est un ensemble de réjouissances collectives destinées à commémorer périodiquement un évènement. Ainsi, les potentielles traces qu’elle pourrait laisser en sont précaires de par leur caractère momentané.
La matière festive se crée durant la célébration à travers différents médiums tels que le corps, les déchets constituant les éléments fondamentaux de la fête ou encore une trace énigmatique constituant un discours, un souvenir, une mémoire.
Ainsi, comment peut-on créer une architecture devenant réceptacle de cette matière festive ?
Coupe globale, parcours du "liquide enivrant" au sein du bâtiment
L'Autel Synergia est un lieu de fête, une fête dénuée de marqueurs sociaux, institutionnels, traditionnels ou religieux, tout en s'appuyant sur des codes préétablis par l'inconscient collectif. La transgression festive étant contenue et plus acceptable que d'autres déviances, elle en devient un leitmotiv existant selon ses propres rituels. Ces transgressions tolérées sont permises par la foule, ses rassemblements, ses mouvements synergiques et ses débordements, laissant place à une respiration collective. C'est par cette action corporelle et ritualisée que ce géant de fer laisserait place à une forme de débordement de fluides festifs tant à l'échelle du centre-ville, dense et contraint, qu'à l'échelle des espaces de la métropole, plus poreux.
Axonométrie collage surréaliste de l'extérieur du projet festif
Nous proposons donc une architecture radicale, un espace d'émancipation exacerbé, où la seule contrainte serait le lever du jour, un espace s'appropriant la nuit tel un désir puissant de vie, où l'ivresse serait totale. Un lieu où la foule produirait une énergie tant physique qu'énigmatique qui participerait à la composition de ses formes, ses épaisseurs et ses atmosphères. Une forme architecturale guidant et contraignant les flux pensés comme des veines nourricières. Une architecture vivante, à l'image d'une bête énigmatique.
Carte de Rennes, là où la "matière festive" prends vie
Nous avons choisi la ville de Rennes, comme métropole festive.
En effet, sa vie nocturne et son ambiance festive font trembler les rues du centre ville, dont la très connue et mythique «Rue de la Soif», belle de jour et reine la nuit.
Or, on assiste depuis maintenant quelques années à une aseptisation du centre ville ainsi qu’à une muséification de ce dernier. Il est de coutume de nettoyer et ranger. La volonté de contraindre, d’opprimer ou de faire disparaître la fête, dans sa nature intangible et spontanée, ne fera qu'accentuer son rugissement au cœur de la ville.
En réponse à ce constat, nous avons souhaité nous inspirer du plan Nolli de Rome, qui redéfinit l’espace public. En inversant le processus de lecture, nous avons réalisé une carte de la ville de Rennes, mettant en évidence l’espace urbain accessible.
La confrontation entre espace public et espace privé, révèle des systèmes de creux et de places, des lieux potentiels de fête, supports expansifs d’une essence purulente et festive. En cherchant à révéler cette ville du collectif, elle nous ramène à la définition originelle de la ville considérée comme riche, grouillante et vécue.
Dispositif de flux d'énergie, mur de son
Dispositif de flux d'énergie, pavés pavagen
Dispositif de distribution, tuyaux
Dispositif de récolte, les toilettes
Dispositif de récolte, bol à crachats
Dispositif de distribution, bar
À l'intérieur de ce lieu festifs différents dispositifs pensés en tant qu’espace, mobiliers et éléments structurants et structurels du bâtiment, sont situés au premier plan de la spatialité. Pour l'ensemble de ces dispositifs le rapport à l’intimité s’inverse, alternant entre dissimulation et révélation, comme pour les toilettes, qui sont mises ici sur le devant de la scène festive.
Plan RDC
Plan R+1
Plan R+2
Plan R+4
Il s’agit, d'un rituel, d’une procession, d’une gradation vers la débauche, laissant place à la respiration collective comme lâcher-prise. Elle demeure singulière dans sa temporalité, son évolutivité et sa spatialité.
Coupe perspective collage, "Spectacles & concerts"
Ode à la matière festive
Ô matière
Festile Festive,
Ô maudite matière,
Toi qui effleure mes boyaux, tu me colle à la peau,
Sans que jamais je ne puisse te saisir.
Laisses moi t'irriguer jusque dans mes profondes entrailles,
Qui n'attendent que de te brasser, te broyer et t'ébranler.
Ô maudite matière
Tu ne cherches qu'à t'extirper, t'échapper
Tu me glisse entre les veines
M'enivre jusqu'à l'aube,
Jusqu'à m’en donner la nausée
Festile Festive,
Ô maudite matière,
Toi qui effleure mes boyaux, tu me colle à la peau,
Sans que jamais je ne puisse te saisir.
Laisses moi t'irriguer jusque dans mes profondes entrailles,
Qui n'attendent que de te brasser, te broyer et t'ébranler.
Ô maudite matière
Tu ne cherches qu'à t'extirper, t'échapper
Tu me glisse entre les veines
M'enivre jusqu'à l'aube,
Jusqu'à m’en donner la nausée
Lorsque les pas de danse s’affolent et que les corps tremblent,
Tu exhales, j’attends alors l’exalte, frémissant d’impatience.
T'aspirer, je me languis,
Te réduire en liquide purulent, je vais.
Ô maudite matière,
Lorsque l’eau se mélangera à la boue,
J’en serai venu à bout,
Pour enfin te vomir et te faire rugir à la lisière de la ville, au petit matin.
Coupe perspective collage, "Danses & substances"