-Atelier de projet
"Foule magique" 2021-
"Labyrinthe du désir amoureux"

Encadré par : Can Onaner, Mathilde Sari & Valerian Amalric
Réalisé par : Clémentine Corbihan, Léa Paugam & Agathe Lecomte
Nous vous proposons, tout d'abord, de goûter à l’ivresse des "Fragments d’un discours amoureux"(1977) de Roland Barthes, pour se rappeler que le désir n’est ni un passe-temps ni une distraction.
C’est donc un amoureux qui parle et qui dit :

"Il y a une scénographie de l'attente: je l'organise, je la manipule, je découpe un morceau de temps où je vais mimer la perte de l'objet aimé et provoquer tous les effets d'un petit deuil. Cela se joue donc comme une pièce de théâtre." (L’attente)

"Je voyais tout de son visage, de son corps, froidement : ses cils, l'ongle de son orteil, la minceur de ses sourcils, de ses lèvres, l'émail de ses yeux, tel grain de beauté, une façon d'étendre les doigts en fumant; j'étais fasciné." (Le corps de l'autre)

"Il a fallu beaucoup de hasards, beaucoup de coïncidences surprenantes ( et peut-être beaucoup de recherches, pour que je trouve l'Image qui, entre mille, convient à mon désir. )" (adorable !)

Film expérimental du labyrinthe et de la rencontre amoureuse

Où est passé le temps où l’on célébrait la rencontre amoureuse ?

Dans notre monde moderne en deux dimensions, l’isolement émotionnel s'accroît à une vitesse effrénée. L’utilisation massive des moyens de communications à distance et notamment des réseaux sociaux, en est une des raisons. La photo aujourd’hui décide.
La vie présente sur ces plateformes n’est que mise en scène plate, sans odeurs et sans reliefs, où seul  cet espace en deux dimensions peut déterminer une rencontre qui pourrait l’ébranler. Il n’est plus question de regard, de toucher, de sensations ou de charisme, mais d’apparences parfois trompeuses. Ce monde virtuel nous coupe finalement d’expressions émotionnelles dans un contexte physiquement réel. Il produit même un effet inverse, puisqu’il banalise les actes violents, réprimande le vrai, et marchande les relations, réduisant l’humain à l’état de simple consommateur affectif.
C’est pour cette raison que nous plaçons notre projet aux antipodes des algorithmes. Nous revendiquons le hasard et les coïncidences et c’est ainsi que nous vous proposons de plonger aujourd’hui, avec nous, dans un univers générateur de rencontres en trois dimensions, de sensations et d’émotions.

Cartographie axonométrique du quartier Courrouze, "Géographie amoureuse"

Telle la carte de Tendre, nous avons imaginé le site de la Courrouze comme une représentation topographique de la pratique amoureuse. Le quartier est divisé en différentes contrées dont les failles représentent un idéal difficile à atteindre. En contrebas, un jardin d’Eden où la nature foisonnante serait véritable et sans artifices, s’installe dans ces creux pour protéger le site de Vénus, emblème, appelant les visiteurs à se rendre aux cartoucheries, ancien site militaire dédié à la fabrication de munitions, devenu le site de rencontre.

Plan masse, carte d'accès du mystérieux site de rencontres et de sa maison amoureuse attenante 

En réalité, il s’agit d’avancer à tâtons. En effet, le site de rencontre se fait lui aussi désirer. Ce dernier est bordé de fossés mêlés à une petite forêt, mettant à distance le projet du reste du site, en cachant presque sa silhouette. 

Plan rez-de-chaussée du labyrinthe et de la maison de l'amour

Le labyrinthe amoureux

Chaque premier vendredi du mois, deux visiteurs peuvent se présenter face au labyrinthe. Le mécanisme de la porte ne s’actionnera qu’en présence de deux individus de part et d’autre de l’entrée.  Il n’existe aucune règle concernant le genre ou l’âge de ces derniers, mis à part la majorité. À l’inverse, l’expérience est rythmée de consignes et d’un temps limité au sein de chaque pièce. Tout au long de cette séquence architecturale, le corps est détenu dans une trajectoire scindée en deux. Chacun marche l’un à côté de l’autre, sans jamais se découvrir entièrement. Des fragments de ces corps s’apprivoisent au détour d’un mur ou d’une paroi. Les visiteurs traversent des pavillons, tantôt couverts, tantôt à l’extérieur. Telle une lettre d’amour ou une déclaration enflammée, le voyageur se voit envoûté par des mécanismes magiques prenant vie à travers les images, les matières, les sols, les murs, les meubles et les accessoires.
La maison amoureuse
L’expérience une fois terminée, les deux êtres désirés décident ou non, de prolonger leur rencontre au sein d’une maison attenante au labyrinthe. Cette dernière accueille des voyageurs, au nombre de huit, pouvant poursuivre un désir amoureux naissant sur une durée de trois ans. Bien sûr, comme l’amour, cette expérience ne doit pas être vécue comme un enfermement, c’est pourquoi chaque participant peut choisir de la quitter à tout moment par le biais de portes dérobées. Pendant une durée maximale de trois ans, les êtres apprennent à se découvrir tous deux mais aussi les autres sujets amoureux. Ils partagent leurs expériences autour de pièce commune mais aussi plus intime comme le boudoir qui relie les chambres entre elles. Chaque pièce, analogie du labyrinthe, guide les regards, les êtres, les transportant dans une autre temporalité allant au-delà de la rencontre. Le dénouement de cette balade autour du désir se concrétise donc par cette bâtisse où jeu et dévoilement de soi sont les maîtres mots.

Bande dessinée illustrant le double parcours des participants du labyrinthe jusqu'à la maison amoureuse (coupe perspective, dessins, axonométries...)

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